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La culture du risque majeur

La culture est l’ensemble des connaissances, des savoir-faire, des traditions, des coutumes propres à un groupe humain, une société sur un territoire donné. Elle se transmet socialement, de génération en génération et conditionne une grande partie des comportements individuels et collectifs.

La déprise agricole, les flux migratoires du siècle dernier associés à l’urbanité ont peu à peu dessaisi les populations de cette proximité et de la connaissance de leur environnement, de leur culture du risque majeur (ici naturel et technologique). On sait dès lors que la conservation et la transmission de la mémoire au niveau territorial qui fait défaut aujourd’hui ainsi que l’éducation, l’acquisition de connaissances sont les garants du développement d’une réelle culture, synonyme de prise de conscience et de réflexes préventifs au niveau de chaque individu.

Le droit à l’information et à son accessibilité (Code de l’Environnement, Partie législative L. I, t. 2, ch. V.1987) prend ici tout son sens. A savoir :

« Les citoyens ont droit à une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Ce droit s’applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles ».

En éduquant et en transmettant l’information à la population, laquelle s’approprie ces données, les conditions préalables et nécessaires à l’émergence de la culture du risque majeur sont instaurées. En effet, la possibilité est laissée au citoyen de saisir son rôle d’acteur de sa propre sécurité et de la sécurité civile collective, de participer à la « chose publique ». Cette dynamique, à travers la responsabilisation et la solidarité qu’elle induit, prendrait probablement le pas sur la notion limitée d’ « Etat Providence » qui tend vers ses limites face à la récurrence des catastrophes et à l’accroissement des dommages.

Pourquoi ce guide d'actions et d'acteurs ?

Bien que déployée depuis trente ans, la politique publique de prévention de l’Etat n’est pas encore parvenue à rétablir une culture du risque majeur partagée par tous et nécessaire à la résilience des populations et des territoires. C’est le constat qui est généralement dressé suite aux nombreux évènements d’ordres climatiques, géotechniques… auxquels on attribue quasi systématiquement le terme significatif de « catastrophe ». Suite aux pertes humaines et matérielles constatées lors de la tempête Xynthia, le rapport des parlementaires à ce propos constate sans appel qu’il y a à ce jour en France une réelle  « défaillance de la mémoire du risque », symptomatique d’une « culture du risque quasi inexistante ». Ceci est en partie dû à l’occurrence rarissime de certains évènements sur notre territoire mais également à des processus psychologiques, complexes mais nécessaires, développés dans la phase de reconstruction individuelle. La complexité de l’ensemble des caractéristiques précitées éclairent les grandes difficultés auxquelles doivent faire face ceux qui souhaitent agir pour développer une culture du risque majeur.

Pour agir mieux et ensemble, les acteurs de la prévention et de la gestion des risques majeurs soulignent régulièrement la nécessité d’une meilleure lisibilité des nombreuses et diverses initiatives réalisées dans ce domaine. Pour ce faire, une des solutions semble résider dans une dynamique territoriale renforcée et tendant à la non-duplication des mêmes actions, réalisées de manière isolée sur un même territoire. Il est également impératif de garantir la cohérence de ces actions aux niveaux territorial et national, et ce, en fonction des objectifs affichés sans toutefois réduire le caractère innovant des initiatives. Cette démarche globale permettrait de déconstruire progressivement et durablement les « obstacles au développement d’une véritable culture du risque en France métropolitaine ». (cf. rapport Anziani).

Une invitation à agir et rencontrer : 

L’Institut Français de FOrmateurs Risques Majeurs et protection de l’Environnement (IFFO-RME), acteur engagé depuis plus de quinze ans dans l’éducation à la prévention, porte ce projet de guide d’actions et d’acteurs de la culture du risque majeur afin de répondre aux besoins cités précédemment. En appui aux priorités nationales et internationales pour la réduction des risques de catastrophes et l’Education au Développement Durable, un tel outil restait à créer, alors que paradoxalement il semblait indiscutable et indispensable depuis longtemps.

Afin de prendre en compte à la fois les axes stratégiques, nécessaires à l’innovation et à la cohérence, mais également le retour d’expérience des actions réalisées localement, ce guide se veut être un inventaire non exhaustif d’actions et d’acteurs, reflet des dynamiques territoriales et de ceux qui les portent mais aussi les exportent dans le cadre de coopérations et de projets de solidarité internationale. La place de l’innovation est préservée, voire soulignée, lorsqu’on croise les actions réalisées avec les objectifs qui en sont dépourvus.

Il s’agit donc à travers ce guide d’une invitation à agir, à rencontrer et à développer des partenariats pour des réalisations multiples, pluridisciplinaires, allant vers toujours plus de cohérence.

Du projet de guide à sa réalisation :

Un projet de guide a été dans un premier temps construit dans ses grandes lignes et proposé aux membres du réseau de formateurs de l’IFFO-RMe (RMé). Dans l’optique de travailler sur un projet co-construit et largement ouvert à l’ensemble des protagonistes, de nombreux acteurs ont été sollicités à double titre : d’une part en vertu de leur qualité de « futur utilisateur » pour la bonne cohérence de la mise en forme du guide mais aussi d’autre part dans le cadre du recueil des actions réalisées localement.

Chaque acteur participe donc à la mutualisation. Cela suppose une capacité à identifier, à formaliser et à organiser les savoir-faire, puis à les formuler de façon à ce qu’ils soient utilisables par d’autres. On part du constat que le savoir-faire appartient et se trouve auprès de ceux qui sont les acteurs de l’action et de l’idée que le savoir des uns sera utile à d’autres, d’où l’intérêt de la mise en relation possible des personnes ressources avec les utilisateurs.
La collecte de ces savoirs et expériences ne se limite pas à lister les conditions de réussite d’une action mais consiste belle et bien à préciser comment ces conditions ont été effectivement atteintes (voir la fiche action dans la rubrique « déposer une action »). Ce recueil permet d’une part d’apprendre à partir des pratiques en vue de progresser et d’autre part d’encourager à la diffusion des initiatives.

Dans un premier temps, cette première version sera complétée et améliorée au fur et à mesure afin de prendre en compte au mieux l’ensemble de vos commentaires. Nous ne souhaitons pas aboutir à une version définitive du guide et de ses annexes mais plutôt à une version « renouvelable », on entend par là le caractère évolutif de l’ouvrage au fil du temps, intégrant des nouveautés réglementaires, techniques, sociales etc. Les modifications ainsi apportées pourront notamment permettre la constitution d’un fond d’archives des initiatives et des stratégies, d’apprécier, de démontrer et justifier la mobilisation autour de la culture du risque majeur et ses résultats.

L’ambition portée par cet outil est à l’échelle de son objectif principal : la promotion de la culture du risque majeur dans nos territoires, gage de la résilience des populations et des territoires.